mercredi 28 septembre 2011

Hôtel des Sports

Et oui, ça y est.

Je vous le confirme, c'est confirmé.
Je vous avais promis de vous saouler avec des états d'âme, des entraînement, des bobos, des chiffons, des doutes, des un tas d'informations insignifiantes. Choses promises, choses dues. C'est parti !

On (les miens et moi) va donc faire un peu de tourisme à Boston en avril.

Comme nous ne serons pas seuls à Boston et que les nuits sont encore fraîches à cette époque de l'année, on a réservé un hôtel. Déjà, oui. 

Comme nous ne sommes pas riches, on a évité Boston. 

L'argument logistique est venu conforter l'argument financier. C'est en lisant un billet sur le blog de Patricia (qu'elle en soit remerciée) que j'ai tilté : le lieu du départ est très éloigné du lieu d'arrivée. En fait, il est à environ 42 km. C'est marrant, c'est la distance du marathon. Ça alors. Aussi, dormir à proximité est sans doute un bon choix, on évite ainsi de prendre une navette très tôt à Boston et d'arriver sur le site du départ trop longtemps avant le coup de feu, avec le risque de mourir sur place de froid ou d'ennui, ou encore des deux. Cela nous donnera en outre l'occasion de visiter Westborough, Massachusetts (célèbre pour rien du tout, nous apprend Wikipedia) car c'est là que nous logerons. 

Deux nuits dans une aimable résidence bordée de supermarchés, j'imagine, où j'ai trouvé un genre de studio avec coin-cuisine. On va pouvoir s'y entasser à cinq et se goinfrer de pâtes comme à la maison. Cinq personnes, c'est : 1 Chéri + 3 pitous + 1 maman énervée  / épuisée. Je suis d'ores et déjà certaine que c'est une très mauvaise idée, la chambre surpeuplée. Je vais me pointer avec une nuit blanche dans les cernes. Mais, avouez, 264,82 $ ttc pour deux nuits, c'est un bon deal. En plus, il y a « Deluxe »  dans le nom de l'hôtel, je suis tout à fait rassurée.  

L'hôtel est à 13 km du départ. Je me suis dit que je pourrais les faire en vélo ou en taxi. J'ai un vélo pliant qui n'a pas été déplié depuis au moins trois ans, c'est-à-dire depuis la fois où j'ai roulé dessus avec les pneus complètement plats parce que je devais absolument attraper le train. (À ajouter à la note de l'hôtel : la remise en état du vélo.) Je n'ai pas de taxi pliant, il faudra penser à en commander un à temps le cas échéant.  

Voilà pour la chapitre logement.

Hou hou ! Réveillez-vous ! J'ai dit « voilà », c'est fini pour cette fois. 

La semaine prochaine, je vous entretiendrai de la couleur des chaussettes que je compte porter au marathon. 

Allez, un peu de patience.

jeudi 15 septembre 2011

Dessine-moi un Boston

Au contact du Québec, j’ai appris deux choses. Un peu plus, je vous le concède, mais deux choses qui ces jours-ci ont leur importance. 

J’ai appris, premièrement, que Boston rime avec mouton (et pas avec trombone) et ensuite que le marathon des marathons c’est Boston (qui rime avec mouton qui rime avec marathon, comme ça tombe bien). 

En Europe, qu’on soit coureur ou pas, Boston, c’est juste une ville des États-Unis, quelque part on ne sait pas très bien où. New York, oui, ça oui. Ça c’est un marathon, un mythique en Amérique. Mais Boston… BQ ? Connais pas. BBQ, vous voulez dire ?

Pourtant, depuis deux ans que je vis et cours au Québec, la ville de Boston a fini par s’associer au marathon. Même si elle continue de rimer avec trombone. 

Il y a un an, je m’étais dit : « Cool, j’ai le temps de qualif pour Boston. On en parle tant, ça doit être sympa, je m’inscrirais bien. » Quelle naïveté ! J’appris quelques jours après le début de la période d’inscription (dont je ne m’étais guère souciée) qu’en huit heures tous les dossards s’étaient envolés. M’enfin ! m’étais-je exclamé nonchalamment. J’avais trouvé les gens bien excités avec ce marathon. Sont fous ces Américains. 

Cette année, j’ai continué à courir et j’ai rencontré plein de coureurs. En les côtoyant sur Dailymile et à travers leurs blogs (les Fourmis, Luc, Patricia), Boston est revenu en mégalopole. Son marathon était dans les jambes, dans les rêves, dans les têtes, dans la transpiration. Boston obsession, la rime est facile. Boston qualification, c’est plus difficile. Et c’est bien pour ça qu’on veut y aller, pour s’y faire consacrer.

En juin, j’ai couru le marathon du Luxembourg avec un chrono BQ (Boston Qualifier). Il me semble que les standards bostoniens sont moins durs pour les femmes que pour les hommes, mais là n’est pas la question : il se fait que je suis BQ. Il se fait aussi que les organisateurs du marathon ont mis en place un nouveau système d’inscription pour éviter que ne se reproduise la razzia de 2010. Premiers arrivés, premiers servis, le système informatique avait dû se manger une sacrée surchauffe et les organisateurs un bureau des plaintes apocalyptique. En 2011, pour Boston 2012, on y va au mérite sportif. Vous irez lire les raffinements du nouveau système d’inscription sur le site du marathon, mais en gros les inscriptions sont ouvertes deux semaines. Première semaine, inscriptions gardées pour les BQ confortables (deux jours prioritaires pour les coureurs qui surclassent les standards de 20 minutes et plus, deux jours pour les 10 minutes et plus, deux jours pour les 5 et plus). Deuxième semaine, s’il reste de la place, ouverture pour tous les autres. Les meilleurs de chaque catégorie parmi les « simples BQ » seront retenus. Il se fait que je suis bien BQ : 12 minutes et 51 secondes en dessous du temps de qualification dans ma catégorie d’âge. (Notez que ce chrono ne me qualifierait pas pour New York. Heureusement pour mon orgueil, le semi-marathon est une épreuve admise pour la qualification.) Autrement dit, une inscription possible dès le troisième jour de la première semaine d’inscription. Je vous mets un peu de Tylenol avec ça ?

Là, je me suis comme sentie obligée d’essayer. J’avais ce que d’aucuns désirent au plus profond de leur âme de coureur et cherchent au plus profond de leur corps, je ne pouvais pas le laisser en jachère. Mue par une espèce d’obligation morale, hier matin j’ai rempli le formulaire d’inscription. Ça a l’air prétentieux dit comme ça, et même condescendant. J’ai l’air d’entendre que je n’ai eu qu’à me baisser pour ramasser un BQ. C’est faux évidemment. Je me suis entraînée dur pour le marathon et j’ai souffert pendant, mais je ne l’ai pas couru avec une qualification dans la mire. (D’ailleurs, maintenant que j'y pense, cest pas du tout moral ce que je fais, prendre la place de quelqu'un qui la veut plus que moi. Zut. Tant pis.) 

La fièvre de Boston ne s’est pas emparée de moi, ou bien alors par procuration. Il y a beaucoup de curiosité par contre. 

Maintenant j’attends que les organisateurs vérifient mon temps et statuent sur la bostonabilité du marathon du Luxembourg.

Après, si ça a l’heur de leur convenir, j’aurai la fièvre. Je vais vous saouler. Ça va être horrible.

En conclusion, vous avez bien raison amis du Québec, Boston rime vraiment avec mouton. À moins que ce ne soit avec acculturation et intégration ?

jeudi 1 septembre 2011

Dans la gazette

Je suis un peu gênée, là, mais quand même, je ne résiste pas à vous parler de ceci.

J’ai une pensée pleine de compassion pour les vedettes, les célébrités, les personnes publiques ou bien les monsieur et madame tout-le-monde qui se retrouvent dans journal parce que leur maison a été inondée, parce que leur chien vit mal le passage à l’heure d’été ou parce qu’ils ont couru un 10 km à travers champs avec une poignée d’autres coureurs. Vous penserez que je suis naïve ou idéaliste, c’est pareil me direz-vous, mais jusque là je croyais que les personnes interviewées par les journalistes étaient vraiment interviewées par les journalistes.

Quand, dans le journal, je lis le témoignage de Mme Mertens qui raconte qu’« il a commencé à pleuvoir vers 17 h 30. À 21 heures, l’eau a pénétré dans la cuisine et puis dans la salle-à-manger. Les meubles en chêne de mon mariage, je pourrai les récupérer mais, mon mobilier en contreplaqué, il est bon pour la poubelle. C’est la troisième fois que ça arrive en cinq ans et les assurances ne veulent pas intervenir, qu’est-ce qu’on va faire monsieur, déménager ? à notre âge ? Ça fait cinquante ans qu’on vit dans cette maison, à notre âge quand on déménage c’est pour le cimetière ! » Et bien, quand je lis ça, elle me fait de la peine Mme Mertens avec ses pieds de meubles tout mouillés, pauvre madame, et j’espère que le journaliste lui a fait un gros câlin pour la consoler un petit peu. Maintenant, je doute. Mme Mertens pourra-t-elle sauver ses meubles en chêne ? Tient-elle à mort à rester dans sa maison ? 

Même chose pour l’entourage de DSK et d’Anne Sinclair ­­– pour évoquer une actualité amusante – qui se fend de déclarations rassurantes sur l’amour du couple et sa sérénité à toute épreuve. Qui, dans la presse, remplit tout cet espace entre les guillemets dudit entourage ? Avant, j’aurais pensé à un voisin, au chauffeur, à un collaborateur, à un ami du couple, au jardinier, au prof de yoga de Mme Sinclair. Maintenant, je me demande si ce n’est pas un verbiage de synthèse. Pas que ce soit nécessairement faux, mais plus écrit que retranscrit. Quel crédit y apporter dès lors ?

L’entourage, bien sûr, il s’en fiche. La formule est anonyme et nul ne pensera en « se » lisant : mais je n’ai jamais dit ça! Par contre, Mme Mertens*, elle ne se souviendra peut-être pas d’avoir parlé avec un journaliste. Et puis d’abord, ça fait seulement trente-cinq ans qu’elle vit là. Qu’est-ce qu’ils vont penser les voisins, qu’elle est sénile et ne sait plus compter ? Et puis, ses meubles, c’est pas du chêne mais du merisier, rien à voir le chêne et le merisier. J’ai eu la même surprise en me lisant dans le journal (en ligne ici). 

La Nouvelle Gazette, édition louviéroise, mercredi 3 août 2011
Oui, j’ai bien parlé avec des gens après la course, mais avec personne qui se soit présenté comme journaliste. Non, je ne reviens pas plusieurs fois par an en Belgique. Non, je ne cours pas le marathon de Montréal comme je vais au supermarché. Ça fait vraiment bizarre de se voir tenir dans le journal des propos qu’on n’a pas tenus. Imaginez comme ça doit être déplaisant pour les gens d’importance dont les propos sont importants de découvrir à longueur de colonnes des phrases et des interviews imaginaires bourrées d’approximations.

Notez que dans un autre billet je me plaignais féministement du peu d’attention porté aux résultats des femmes dans la presse. Quand les premières arrivent, beaucoup d’hommes sont déjà arrivés, elles passent le plus souvent inaperçues. D’ailleurs, dans les grands marathons, les élites féminines partent une demi-heure avant les hommes, les vedettes ne sont ainsi pas volées. Ici, il aura fallu un peu d’exotisme, pour susciter la surprise et remporter le titre (de l’article). 

Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire !

* Mme Mertens est une personne inventée. Pensez-vous que je ferais une bonne journaliste ?

Jogging des Éoliennes, Estinnes-au-Val, Belgique, 30 juillet 2011